Les Chartreux de Saïx et la fabrication de vitres

Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, un atelier de fabrication de verre à vitre est implanté en Montagne Noire par les chartreux de Saïx, plus précisément dans la forêt du Cayroulet dont ils sont propriétaires en tant que seigneurs d’Escoussens. Alors que le pouvoir central durcit sa politique d’exclusion à l’égard des Réformés, les installations vont fonctionner pendant plus de trente ans grâce à la collaboration de verriers protestants venus de Bourgogne, puis du Hainaut, et désignés sous le terme générique de « Lorrains ». En Languedoc, depuis la fin du XIIIe siècle, le métier de verrier est devenu l’apanage de nobles peu fortunés qui ont obtenu à ce titre du pouvoir royal un certain nombre de privilèges explicités dans la « Charte de Sommières ». En dépit d’une grande habileté dans la fabrication de « menu verre », ils ignorent les deux techniques de fabrication de verre plat par soufflage et la province est obligée de se fournir ailleurs.

LE VERRE PLAT
Vitraux et vitres sont longtemps restés des produits de luxe, réservés aux édifices religieux, aux palais et aux demeures seigneuriales, les fenêtres des maisons populaires étant obturées soit par de simples volets de bois, soit par des étoffes cirées ou des carreaux de papier huilé fixés sur les châssis de bois. On lit dans les Comptes de l’argenterie des rois de France pour 1554 (1) : « Deux aunes de toile cirée dont a été fait un châssis mis dans la chambre de retraite de ladite dame reine au château de Melun, plus quatre châssis de bois à tendre le papier sur les fenêtres de ladite chambre et huile pour les oindre pour être plus clairs ». Plus de 150 ans plus tard, on voit l’intendant du duc de Northumberland démonter les vitres du château de sa seigneurie pour les mettre à l’abri du vent pendant son absence. En Ecosse, le palais du roi jusqu’en 1651 n’a eu de vitres qu’aux étages supérieurs ; les fenêtres du rez-de-chaussée étaient fermées par des volets de bois que l’on ouvrait de temps en temps pour laisser entrer l’air. Au XVIIIème siècle, il existait encore en France une corporation de « chassessiers », dont la profession consistait à garnir les fenêtres de papier huilé. Si l’on en croit le dictionnaire de négociants de 1762, le papier huilé ou térébenthiné est encore largement utilisé à Lyon à cette date et cette pratique pénalise la production de la verrerie de Givors.
Au XVIIe siècle on peut décrire deux procédés de fabrication de verre plat, également utilisés : Le premier, le plus ancien, déjà connu des romains, est dit « des manchons », ou « des cylindres ». Il consiste à souffler un lourd manchon de verre, sorte d’énorme boudin à l’origine modelé sur une matrice en bois en forme de cône ou, plus tard, allongé par balancement de la canne dans une fosse pratiquée au niveau du plancher de travail. Le manchon est ensuite posé sur un chevalet et on en supprime les culots à froid avant de le fendre dans le sens de la longueur. Le cylindre obtenu est déroulé à chaud sur une table avec un lissoir en bois de peuplier. Compte tenu du poids du manchon et si l’on veut obtenir une feuille de verre de grandes dimensions, cette technique exige une grande force physique ainsi qu’un long apprentissage. Elle suppose également des installations adaptées comme le montre la gravure du 19ème siècle insérée en fin de texte. Le second procédé est celui du verre «à boudine», ou «des plateaux», appelé également « crown-glass » par les anglais. Sa découverte est généralement attribuée à la Normandie au XIVe siècle. Il consiste à souffler une boule de verre en forme de vase à fond plat, puis à l’ouvrir et à la transformer, par une rotation très rapide du pontil (2), en un disque de verre d’épaisseur inégale pouvant faire jusqu’à 60cm de diamètre. Au centre de ce disque, le point d’attache du pontil laisse un renflement : la boudine. Plusieurs carreaux sont détachés à la périphérie du disque dont la partie centrale appelée « cive », peut, elle aussi, être montée comme un vitrail sur une armature en plomb. Cette technique, qui a été pratiquée en Europe occidentale dès le XVe siècle, a perduré en Angleterre jusqu’au milieu du XIXe siècle.

LES VERRIERS LORRAINS
Au début du XIVe siècle, l’immense forêt qui couvre le duché de Lorraine est encore peu exploitée. Or, c’est une région où abondent le sable siliceux en plaine, le bois et la fougère en altitude, l’argile enfin, toutes matières indispensables à la production de verre. Soutenues par le duc de Lorraine qui les favorise au maximum, trois familles de verriers émergent, surtout spécialisées dans le « grand verre », c’est-à-dire le verre plat, par opposition au « menu verre » qui désigne la gobeleterie et les petits objets. Installés en forêt de Darney, ces verriers bénéficient de l’appui des moines de l’abbaye de St Quirin, et sont protégés à partir de 1369 par la « Charte des verriers » accordée par Jean de Lorraine. Celui ci les reconnaît comme « chevaliers, écuyers, et gens nobles du duché » avec tous les droits afférents et leur concède de gros avantages. Ce sont des descendants de deux de ces trois familles fondatrices qui travailleront pour les Chartreux de Saïx : les Hennezel et les Thiétry. A partir du XVe siècle, les verriers lorrains produisent par soufflage, outre les grandes tables de verre de couleur à destination des vitraux, des miroirs en verre creux, sphériques, bombés et déformants, tels qu’on les voit sur certaines peintures flamandes ou hollandaises de l’époque. Ces miroirs sont négociés à Pont-à-Mousson et à Saint Nicolas de Port puis exportés vers les Pays–Bas, le Nord et l’Est de l’Europe, mais également vers la Provence. La production verrière participe puissamment à l’essor économique de la région.
Le secret des techniques et des colorations est soigneusement gardé au sein des familles, garanti par un serment prononcé avant tout apprentissage. Il y a cependant une exception lorsque l’un de ces verriers, François du Thizal, fait à la fin du XVe siècle un séjour à Venise pour une sorte d’échange de technologie avec les vénitiens : le procédé de fabrication des miroirs lorrains et des grands vitraux en verre rouge contre le secret de fabrication d’un verre incolore, semblable à du cristal, le « cristallin » vénitien. La coloration de celui ci est liée d’une part à la grande pureté du sable du Tessin et d’autre part à la différence de fondant utilisé : cendres de fougères et donc fondant potassique pour le verre lorrain légèrement verdâtre, tandis que les vénitiens emploient un fondant sodique à base d’herbes marines, ce fondant bien connu dans le bassin méditerranéen depuis l’antiquité et que nous allons retrouver dans les contrats d’Escoussens au XVIIe siècle sous le nom de « salicort » (3). Dès le début du XVIe siècle, il y a surproduction du verre en Lorraine, diminution de la qualité des produits, augmentation de la pression fiscale et les verriers commencent à émigrer pour des raisons économiques. La Réforme, avec adhésion à ce courant de la plupart des verriers, les guerres de religion et, plus tard, la désastreuse guerre de Trente Ans qui détruit les verreries forestières et ruine complètement la Lorraine, entraînent d’autres vagues successives d’émigration. Les verriers partent, soit définitivement vers les Pays du Refuge (Pays-Bas, Suisse, Angleterre, Irlande) ou d’autres régions de France où ils sont bien accueillis (région de Montbéliard, Nivernais), soit provisoirement vers des provinces où ils font des « campagnes extérieures », se contentant sur leurs terres lorraines de poursuivre l’exploitation de leur domaine agricole.
A l’époque qui nous intéresse, les Chartreux de Saïx se sont implantés à Toulouse après la destruction de leur couvent de Saïx par les protestants de Castres en octobre 1567, mais leurs sources de revenus sont restées castraises, et, soucieux de reconstruire le monastère, ils gèrent au plus près leur patrimoine foncier, en particulier celui d’Escoussens. Ils connaissent les gentilshommes verriers de la Montagne Noire avec lesquels il leur arrive d’être en affaire, dont les Robert qui soufflent des flacons et des verres à boire à Arfons et aux Escudiés (4). Comme les Chartreux de Valbonne qui hébergent des verriers dans leur domaine forestier, ils savent la déforestation liée à cette activité. Mais le verre à vitre « façon Lorraine », si indispensable à la luminosité d’une chapelle, n’est pas fabriqué dans la région jusqu’à ce que le comte de Bieule, propriétaire d’une verrerie à Laprade, fasse venir des verriers Lorrains pour travailler chez lui. C‘est en janvier 1643 que nous rencontrons pour la première fois l’un d’entre eux, Salomon de Thietry, dans le château seigneurial d’Escoussens à l’occasion de la vente de 210 liens (5) de verre à vitre à raison de 50 sols le lien (soit environ 1260 vitres). 91 liens sont achetés par le Prieur du monastère de La Rode situé à côté de Lempaut et qui lui aussi reconstruit son couvent, et 119 liens par le syndic du couvent des Chartreux de Castres, Don Estienne Drouyn. Ce verre que Salomon de Thietry, associé à un autre gentilhomme, de Tissac, produit à Laprade chez le Comte de Bieule, sera livré au mois d’avril, de bonne qualité marchande, « prêt à charger » pour les acquéreurs qui viendront le chercher sur place (6). Il existe donc déjà à Laprade à cette date une verrerie où des Lorrains viennent travailler pour faire des vitres dont ils négocient personnellement la commercialisation. Cet établissement est connu dans la région puisque, en 1647, le peintre-verrier toulousain Joseph Darues, sollicité pour la réfection des vitraux de la nef de la cathédrale d’Auch, accepte le travail en précisant que « le verre blanc d’apprest qui y sera mis sera de la facture de Lorraine ou de Laprade, à la charge que celui de Laprade soit bon à la coupe et non pétillant(7) ».

LA CAMPAGNE DE 1651
Quelques années plus tard, convaincu de l’intérêt du produit, Don Etienne Drouyn aménage une verrerie à côté d’une métairie située dans la forêt du Cayroulet. Le site est choisi sur le chemin forestier qui va d’Escoussens à Carcassonne, en bordure d’un ruisseau permettant de créer une petite retenue d’eau et d’utiliser l’énergie hydraulique pour faire fonctionner un martinet et une scierie.
Le premier contrat d’exploitation de la verrerie est passé en 1651 avec des membres de la famille d’Hennezel, famille de verriers Lorrains que nous avons déjà citée (8). Ceux là se sont fixés en Bourgogne et ils sont tous frères, beaux-frères ou cousins. Le syndic des chartreux prend à sa charge tous les frais de fonctionnement et fournit la totalité des matériaux, bois, sable, cendres, salicor, qui seront déposés par ses soins à proximité de la halle (9) où se trouvent les fours. Il fournit également le matériel qui sera utilisé pour l’emballage des vitres : caisses en bois, paille et cordes. Le salaire prévu des quatre gentilshommes verriers est de 25 Livres par semaine et par gentilhomme, mais il sera prélevé sur la valeur de la marchandise restante à raison de 40 sols le lien, une fois le couvent remboursé de ses frais. Lorsque, un an plus tard, le 6 juillet 1652, le bilan financier de cette expérience est enregistré chez le notaire, le compte n’y est pas, car, si les verriers considèrent qu’ils ont fourni pour 2116 Livres 10 sols d’argent et de travail pendant les 17 semaines d’activité, le Syndic des chartreux a déjà avancé la somme de 7828 Livres 4 sols 3 deniers, alors que la valeur des 4803 liens de vitre produits n’est que de 9606 Livres (10). Une fois le Syndic remboursé il ne reste que 1777 Livres 15 sols 9 deniers, somme dont les gentilshommes « se contentent ». (En Languedoc, en 1683, un maître-verrier salarié touchait environ 450 livres par campagne (11).)

LES CAMPAGNES DE 1656, 1657, 1658
Quatre ans plus tard, le 27 juin 1656, les mêmes protagonistes sont réunis au château d’Escoussens pour la rédaction d’un nouveau contrat portant cette fois sur l’exploitation de la vitrerie pendant des périodes de 6 mois par an et ce durant 3 années consécutives (12). Les verriers sont les mêmes, Jérémie d’Hennezel, seigneur de Touleau, du lieu du Breuil, paroisse de Maltat en Bourgogne, agissant également pour le compte de Moïse et François d’Hennezel, respectivement frère et cousin. La procuration remise au notaire, et établie à Maltat deux jours auparavant, spécifie qu’ils donnent à Jérémie tout pouvoir « pour faire marché avec le procureur syndic de la Chartreuse de Castres ou avec tout autre qu’il trouvera vouloir faire marché avec lui pour faire une verrerie dans le pays de Languedoc, ou bien pour aller y travailler au lien ou à la semaine, tout comme bon lui semblera. » Antoine d’Hennezel, Seigneur de la Rochère, du même lieu du Breuil, s’associe à la démarche.
Le contrat est beaucoup plus détaillé et précis qu’en 1651 et tient probablement compte de difficultés survenues lors de la première expérience :
– La réfection des bâtiments qu’il faut « rebâstir et refaire » avec toutes les dépendances nécessaires pour pouvoir faire des vitres pendant trois ans, la construction de « quatre cuiraux et un pour les mortiers (13), le tout comme ils étaient avant », sont à la charge du Syndic des chartreux.
– De même la fourniture et l’acheminement sur place de la pierre d’Alet indispensable pour la construction d’un four « à neuf avec ses dépendances comme il doit être pour fondre les matières du verre » semblable au précédent ; un des gentilshommes ira lui même à Alet choisir le filon de pierre à extraire « afin qu’elle puisse tenir au feu le temps voulu » et dirigera ensuite personnellement la construction du four avec le fondeur. (Les fours, au dôme fragile fait de plaques de schiste liées à la terre réfractaire, ne tenaient généralement pas plus d’une campagne) .
– Toujours à la charge du Syndic, l’extraction en Nivernais, sous la responsabilité d’un des verriers, de la terre qui sera utilisée pour la fabrication des mortiers et son transport jusqu’à Lyon où elle sera embarquée pour aller à Narbonne et de là au Pas de l’Apost.
– Le syndic mettra à disposition des verriers les outils et instruments déjà présents sur le site et les fera mettre en état à ses dépens. Il en fournira de neufs si nécessaires.
– Les verriers seront obligés de faire les sièges (14) et les mortiers en terre du Nivernais à leurs seuls frais et dépens. Ils consentent à ce que le Syndic se serve de ceux qui sont à la Borie Haute (métairie différente de celle de la Vitrière et située plus à l’Est en direction de Font Bruno) ainsi que de la terre qui s’y trouve. (Ce passage surprend dans la mesure où il pourrait laisser penser que le syndic gère un autre atelier de production de verre.)
– Les verriers feront porter dans la vitrerie par leurs gens les cendres pilées (15), le salicort et le sable qu’ils prendront dans les « Balques » (16) autour de la vitrerie. De même le bois qui sera entreposé « le plus proche et le plus commodément que se pourra » pour être porté dans la vitrerie.
– Les verriers ménageront le bois et les autres matériaux comme le leur propre, « sans en pouvoir faire dégât ni souffrir qu’il s’en fasse extraordinairement » sous peine d’estimation.
– Les verriers devront empaqueter et encaisser le verre sans mettre en un même lien de vitre plus de deux tables cassées, et dans ce cas, celles-ci en deux morceaux seulement (17).
– Paille, caisses et cordes seront fournies par le Syndic des chartreux. – La fourniture du bois et de toutes les matières premières rendues sur place est à la charge du Syndic.
– Les Seigneurs Entrepreneurs fourniront six gentilshommes, un fondeur, un empailleur, les tiseurs, les passe-cendres et autres ouvriers nécessaires. Ils les nourriront et les payeront, déchargeant le Syndic de toute participation aux frais pour la façon du verre, charge à celui-ci de leur acheter les vitres à raison de 24 sols le lien (16 sols de moins qu’en 1651), tout encaissé, « verre bon, beau et marchand, de qualité suffisante, non cassé ni pétillant, de grandeur suffisante » sous peine d’estimation.
– Dès qu’ils seront arrivés, le Syndic avancera aux verriers la somme de 1000 livres pour leurs affaires et, à mesure de l’avancée du travail, il leur fournira leur subsistance, à charge qu’ils prendront blé, vin, et autres denrées au prix courant.
– Les verriers ne pourront vendre « aucun lien de vitre ni autre besogne faite d’icelui » qu’au profit du Syndic, sauf s’il y consent.
– Le Syndic fera tous les efforts possibles pour préparer le travail et, réciproquement, les Seigneurs verriers viendront avec leurs gens sans délai lorsque tout sera prêt. Le gentilhomme qui accompagnera le chargement de terre (18) arrivera le premier et restera sur place avec celui qui fera les mortiers. Il aura soin de faire avancer le bois et les autres matériaux et de ranger le tout dans la vitrerie. Tout étant en état, il enverra chercher les autres gentilshommes et les ouvriers pour commencer le travail au plus vite.
– Les verriers devront produire au moins 300 liens de vitre par semaine (Au 16ème siècle, en Lorraine, pour enrayer la baisse des prix, la production d’une même verrerie avait été limitée à 30 liens par jour, soit 180 liens par semaine). En cas de retard lié à un dysfonctionnement du four ou à un problème au niveau des mortiers ou des sièges, ce retard sera à la charge des verriers. Si le retard est lié à un défaut d’approvisionnement en bois ou autres matériaux, il sera à la charge du Syndic. (Il fallait environ 200 stères de bois pour faire 100 kg de verre)(19). 
Nous trouvons effectivement en date du 2 octobre 1656 un bail entre le Syndic Dom Etienne Drouyn et deux habitants d’Alet, Jean François Bot et Antoine Pichon, l’un maître teinturier et l’autre tailleur de pierre, bail par lequel ils s’engagent à « faire arracher proche de la ville d’Alet toute la pierre nécessaire pour un four à faire des vitres et à la faire porter de l’endroit où elle sera arrachée. » Ils sont payés pour cette livraison le 29 décembre 1656 à Escoussens, 140 Livres pour l’un et 67 Livres 10 sols pour l’autre (20). Le 15 août 1657, Antoine d’Hennezel agissant pour son compte et celui de ses parents associés reconnaît devoir au Syndic, au titre d’avance sur le travail à venir, la somme de 827 Livres 4 sols, soit 550 Livres que le Syndic lui remet sous forme de 50 louis d’or et le reste pour des dépenses concernant leur service à la vitrerie, mais aussi pour le voyage de l’équipe qu’il doit aller chercher en Bourgogne (21). Le 7 octobre 1657, le retour du groupe de verriers pour la campagne d’hiver est imminent, mais les logements ne sont pas prêts. Le Syndic des Chartreux est contraint de mettre en demeure les maîtres charpentiers d’Escoussens qui se sont engagés à « boiser les bâtiments » de la vitrerie avant le mois d’octobre. Ils ont déjà perçu les 200 Livres du contrat et ont abandonné le chantier inachevé. Les verriers sont « en chemin », et le syndic refuse d’engager des dépenses supplémentaires. Les artisans ont deux jours après la réception de « l’intimation » pour se mettre au travail ou pour le faire faire par d’autres charpentiers, faute de quoi les suppléments de dépenses seront à leurs frais (22). Il est probable que la mise en demeure est efficace car la procédure s’arrête là.
Le seul bilan que nous ayons des trois ans de production est celui du dernier semestre de 1659 (23),
qui, contrairement à la règle, a été un semestre d’été. Nous savons par les travaux de Germaine Rose-Villequey que la production moyenne annuelle d’une verrerie en Lorraine au 16ème siècle est de 6000 liens (18 000 vitres) ; c’est sensiblement la production de la verrerie du Cayroulet, mais, si l’on considère un lien à six feuilles de verre au lieu de trois, la production est double et atteint 36 000 vitres. Moïse, Antoine et Jérémie d’Hennezel reconnaissent avoir reçu du syndic pendant la durée du séjour la somme de 6300 Livres Tournois. Or ils ont façonné 6300 liens de vitre entre le 6 mai et le 26 octobre 1659, vitre dont la valeur correspond exactement à cette somme qu’ils ont d’ailleurs déjà dépensée en frais divers, de bouche ou autres. Ils doivent encore au Syndic la somme de 150 Livres. Ils s’acquittent de leur dette en laissant les outils personnels dont ils se servaient à la Vitrerie. Tel quel, s’ils n’ont pas fabriqué et surtout vendu autre chose que de la vitre, le bénéfice de la campagne parait bien maigre pour les verriers.

LES CAMPAGNES DE 1682, 1683 et 1684
Pendant 20 ans, on ne trouve aucune trace écrite de la présence des Lorrains dans le minutier d’Escoussens, mais nous verrons plus loin qu’ils sont pourtant bien présents et actifs.
Le 29 juin 1682, un nouveau contrat est signé au Château d’Escoussens. Le Père Drouyn a été remplacé à la tête de la Chartreuse par le Révérend Père Dom Octavien de Creil. Il traite avec Josué d’Hennezel, gentilhomme verrier, Seigneur de Dormoy, habitant le village d’Anor, province de Hainaut, diocèse de Cambrai, sur le projet de faire faire trois fondées de vitre à la Montagne du Cayroulet (24). Les conditions rappellent celles des précédents accords. Il faut réhabiliter les bâtiments et refaire « le grand four et les autres fourneaux nécessaires », les mortiers, les sièges et, pour ce faire, une première équipe arrivera avant le gros de la troupe. Il est toujours interdit aux verriers de faire « autre bezogne » ou de vendre sans l’accord du Syndic Quelques différences cependant :
– Il n’est plus question de pierre d’Alet et d’argile importée du Nivernais.
– La vitre ne sera plus achetée que 18 sols le lien « belle, nette, sans tache, marchande, non cassante ni pétillante », de 3 pans (25) ¼ sous peine d’estimation et sera livrée quotidiennement à un émissaire du Syndic. – La production doit toujours être de 300 liens par semaine, mais il est précisé : sauf « en cas de maladie ou mort » de l’un des verriers, ou également en cas d’avarie des installations. Dans ces cas, le retard sera à la charge des verriers.
Cette fois, nous ne disposons d’aucun document de fin d’exploitation et nous ignorons même si les trois campagnes ont pu se dérouler normalement. Même si la Révocation de l’Edit de Nantes n’intervient qu’en 1685 avec ses conséquences dramatiques, les conditions de vie des protestants locaux se sont considérablement détériorées dans la région bien avant cette date. Il faut noter par ailleurs qu’un verrier d’origine italienne, Bernard Perrot, découvre en 1672 dans sa verrerie d’Orléans, un procédé révolutionnaire de coulage du verre en table qui permet d’obtenir de très grandes plaques de verre ; ce brevet est repris et amélioré à la fin du 17ème siècle par la Manufacture Royale des Glaces de Saint Gobain qui, tout en poursuivant la production de verre au manchon, protège le secret de fabrication du verre coulé en table et devient la grande référence en ce domaine.

LA VITRIERE-CRISTALIERE A TRAVERS LES PLAINTES DES ESCOUSSENDOLS ET LES ENQUETES QUI EN ONT DECOULE
Le pouvoir royal s’intéresse à la gestion des forêts à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle et Louis de Froidur, lieutenant général des Eaux et Forêts, est désigné pour inspecter les massifs boisés du Languedoc dans le but de les remettre en ordre en réprimant les abus illicites et la déforestation anarchique. Il sillonne le Languedoc à partir de 1660 et nous le trouvons en 1668 dans la région. De leur côté, les consuls d’Escoussens sont très mécontents de la manière intensive dont les Chartreux, au mépris des usages ancestraux, exploitent la forêt et en excluent les Escoussendols (parfois au moyen de « bastonnade »). Ils accueillent les envoyés du roi à bras ouverts. A partir des contrats notariés de ventes de bois par les Chartreux, lesquels font office de preuves, une longue requête est rédigée qui détaille tous les griefs des habitants. Ils y joignent un constat fait par le notaire d’Arfons, Pierre Barthes, qui, accompagné de deux des consuls, Bertrand et Guillaume Riard et de quelques habitants du village, s’est rendu sur les lieux (26). Dans la requête, nous lisons : « Les Seigneurs Chartreux….ont entrepris, contre la prohibition des ordonnances et déclarations de sa majesté, de faire couper et dégrader la plus grande partie de ladite forêt, en ayant fait desfricher plus de mille cestérées du meilheur fond qu’ils ont converty en terres labourables y ayant fait bastir diverses metteries où ils tiennent une grande quantité de bestail pour de nourrichages, ensemble une vitrière cristalière et deux moulins à scier pour entretenir laquelle vitrière et cristalière, ils font couper et brusler quantité de bois de ladite forest et rettirent tous les ans plus de 14000 Livres de profit tant de ladite forest desfrichée que de la vitre, cristal, et charbon qu’ils ont fait faire. » Le constat du notaire d’Arfons, Pierre Barthes, daté du 25 novembre 1668, va dans le même sens, décrit de multiples charbonnières rencontrées au hasard de la visite, et nous apporte d’autres détails sur la vitrerie : « Du susdit endroit (Roudilhe), nous sommes transportés au lieu dict la vitrière en ladite forest dans laquelle, étant entrés, aurions trouvé le fourneau d’icelle alumé d’un grand feu qui estoict tizé par les valets des mesieurs des vitriers en grand nombre qui faizoictent fondre la matière quy est dans les pots dudit fourneau, l’un desquels valetz nommé Jacques Bel a dict que les mesieurs ayant travailhé toutte la nuict passée à fere vitre et quité ledit travailh pour repozer ils dormet encore et, ayant faict le tour dudit fourneau, aurions vu quantité de vitre de feste et quantité de matière pour en fere le tout dans ladite vitriere. » « Joignant laquelle au dheores dicelle avons vu une grande quantité de bois de caur accumulé à grandes piles où y en peut avoir trois mille charettes ou plus. » La suite de la visite confirme la grande étendue des coupes et la présence de bûcherons et de charbonniers travaillant à fournir la cristalière en combustible. On recense d’ailleurs à Escoussens à la même période 76 travailleurs identifiés comme charbonniers au service des Chartreux. C’est du 25 juillet 1669 qu’est datée l’inspection de François le Gaillard, Commissaire du Roi et Maître particulier des Eaux et Forêts. Il rejoint les constatations du notaire et décrit un ensemble forestier extrêmement « pilhé et desgradé ».

LES VESTIGES LA VERRERIE DANS LA FORET DU CAYROULET
Deux documents des 17ème et 18ème siècles renseignent sur la localisation de la vitrerie. A partir de ces éléments et avec l’aide de randonneurs chevronnés, le site a été repéré il y a quelques années par J. Kordek et Y. Blaquière (27). Le secteur a depuis longtemps fait l’objet d’un nivellement et a été entièrement replanté en hêtres. Néanmoins certains restes de bâtiments sont encore bien identifiables ainsi que le pont totalement ruiné sur le ruisseau. La prospection de surface met en évidence au pied de chaque arbre des débris de verre plat de coloration verte ou bleutée, des quantités de scories, du groisil et, parmi ces déchets de production, des « coups de ciseaux » et des « éléments étirés ». Ont également été trouvés des morceaux de verre moulé et des fragments de gobeleterie tendant à prouver, si l’on élimine la possibilité qu’il s’agisse de fragments de verre à recycler, que les Lorrains ne se sont pas contentés de faire que de la vitre. A noter la présence de morceaux de creusets faits d’une céramique fine et grisâtre et recouverts d’enduit vitrifié. Le choix de positionner les installations sur l’axe routier Escoussens-Carcassonne laisse supposer la prise en compte des problèmes de transport avec présence d’un chemin assez large pour permettre le croisement des lourdes charrettes de la vitrerie avec celles du trafic habituel. (En Lorraine, au XVIe siècle, une charrette à deux roues portait en moyenne 80 liens, c’est-à-dire 240 feuilles de verre, soit 510 kg.)

En conclusion, bien des éléments nous font défaut pour comprendre tous les tenants et aboutissants de cette extraordinaire histoire.

Quelle était la destination exacte de ces vitres qui quittaient le Cayroulet après avoir été contrôlées, puis soigneusement emballées dans des caisses de bois, celles-ci chargées et maintenues par des cordes sur des charrettes dont on n’a aucune peine à imaginer les difficultés de roulage en hiver sur des chemins boueux à forte pente et pleins de fondrières ?
Si le premier achat de vitre par les chartreux en 1643 était à usage interne, la production de masse ultérieure ne pouvait pas l’être. Quels étaient les débouchés locaux ? A la recherche d’une commercialisation, et alors qu’il existe dans le minutier d’Escoussens en 1657 une vente de « flacons de verre et autres choses » par Abraham de Robert, gentilhomme verrier du masage des Escudiés à Antoine Calmel, marchand d’Aigues-Juntes en Ariège (28), nous n’avons pas trouvé dans la documentation étudiée à ce jour de trace écrite de vente de verre par les Chartreux. Le rapport du prieur Joseph Torillon sur les revenus détaillés de l’obédience d’Escoussens en 1680 est muet à ce sujet Il faut se contenter des allégations des consuls, du rapport formel des inspecteurs des forêts, et enfin de ce regret exprimé en 1689 par Frère Defreil, chartreux en poste de gestionnaire et comptable à Escoussens qui écrit à son supérieur, prieur de la Chartreuse de Saïx, et qui déplore, pour pouvoir équilibrer son budget, de « ne plus avoir la Vitre, pour pouvoir avancer et achepter et vendre », à l’image de ses prédécesseurs (29). Y avait-il deux verreries ? Le rapport de l’Intendant du Languedoc de 1674, cité par P. Boisonnade dans un article paru en 1906 dans les Annales du Midi fait état de deux verreries appartenant aux Chartreux, l’une pour la production de bouteilles et l’autre pour la vitre avec cette mention : « ils parviennent à travailler avec succès le verre fin ou même à produire de beaux vases de cristal. » Nous ignorons le prix de vente des vitres aux consommateurs et aussi le rôle éventuel de certains marchands d’Escoussens très présents comme témoins dans les contrats. Nous supposons sans preuve absolue la fabrication de gobeleterie par ces gentilshommes, héritiers d’une longue tradition et sachant tout faire. Un seul de ces lorrains aurait pu, avec un aide, souffler jusqu’à 200 verres à boire en une journée (30). Il aurait été alors possible de les écouler par l’intermédiaire de colporteurs avec (ou sans) la permission du syndic. Quels ont pu être les échanges et les relations avec leurs voisins, les de Robert de la verrerie des Pradels, compte tenu de leur même statut nobiliaire, professionnel, et religieux? Quelle était enfin la qualité de ces vitres dont Saint Quirin nous dit qu’elles étaient « d’un verre grossier et inférieur à celui de Normandie » ? Les fragments ramassés sur le site sont d’épaisseurs et de colorations variables (du blanc discrètement teinté au vert plus ou moins soutenu).Les verriers étaient évidemment tributaires de la qualité des matériaux fournis par le Syndic : sable riche en fer de la région, salicor dont des ordonnances plus tardives ont dénoncé les malfaçons (31) et cendres conditionnées sur place. L’aspect du produit final en dépendait et a pu évoluer en fonction des approvisionnements dépendant eux-mêmes des prix du marché. Nous avons vu en effet que le prix du lien de vitre acheté 50 sols aux verriers en 1643 était passé à 40, puis 24 et enfin 18 sols en une quarantaine d’années. Une analyse physico-chimique de ce verre est prévue et la prochaine thèse d’Isabelle Commandré qui a effectué une prospection de surface sur le site nous apportera probablement des renseignements précieux. A la même époque, d’autres contrats du même type existaient entre les verriers lorrains et les italiens d’Altare, mais on peut considérer qu’en s’installant dans un créneau inoccupé en Languedoc, en faisant venir sur place des compétences extérieures, en avançant les capitaux et en rentabilisant l’opération, la démarche insolite des Chartreux au Cayroulet a été d’une étonnante modernité. Quant au charme de ces vitrages de verre soufflé, il a traversé les siècles puisque la manufacture de Saint Just en France les fabrique encore, selon la même technique, et arrive à leur trouver des débouchés dans le monde entier.

 


(1) M.J.HENRIVAUX Le Verre et le Cristal P. Vic-Dunod et Cie éditeurs Paris 1897 p 369.
(2) Pontil : tige en fer qui sert à cueillir un peu de verre en fusion pour prendre une pièce par le fond et finir de la mettre en forme.
(3) Salicor : Fondant à base de soude que l’on obtient par la combustion de la salicorne, plante littorale herbacée qui affectionne les terrains marécageux. Ce fondant se négociait à Marseille, était généralement transporté de là par bateau à Agde, et par roulage d’Agde à Toulouse qui livrait aux verreries.
(4) Archives Départementales du Tarn (ci-après ADT) – 6 E 1 321
(5)Michel PHILIPPE, Naissance de la Verrerie Moderne, pp 313, 314 Germaine ROSE VILLEQUEY, Verre et Verriers de Lorraine au début des Temps Modernes, pp 195, 719. Lien : unité de transport de la vitre en Lorraine ; aux 15ème et 16ème siècle, le lien est fait de trois feuilles de verre liées ensemble, chacune mesurant 3 pieds de long sur 1 pied et demi de large (87 x 42 cm) ce qui correspond à un poids de 13 livres environ. Au XVIIe siècle, en dehors de la Lorraine, le lien correspond au double, six feuilles, soit 26 livres. C’est probablement cette valeur qui est utilisée au Cayroulet car c’est celle que l’on trouve explicitée dans un contrat passé en Thiérache à la fin du XVIIe siècle par un membre de la famille d’Hennezel qui s’engage à produire 312 liens par semaine avec le même nombre de gentilshommes qu’à Escoussens. Par la suite, le lien revient à sa première valeur.
(6) ADT – 6 E 1 326
(7) Germaine ROSE-VILLEQUEY, ouv. Cité, pp 498 et 499.
(8) ADT – 6 E 1 325
(9) Halle : terme employé pour le lieu où se trouvent les fours. C’est une sorte de hangar qui mesurait dans le Gard 5 cannes et demi de long comme de large, ce qui en faisait une structure carrée de 11 mètres de côté. On y aménageait au moins deux fours, un four de fusion, et un four de refroidissement dit de « recuit ».
(10) ADT – 6 E 1 328
(11) Claude Annie GAIDAN, la vie des gentilshommes verriers en Bas-Languedoc, Colloque de Sorèze, tome 1, p. 22, Imprimerie Messages, Toulouse, 2004.
(12) ADT – 6 E 1 329
(13) Mortiers ou Creusets : désignés également sous le terme de « pots », il s’agit des récipients en terre réfractaire, de forme circulaire, de capacité variable mais généralement de 13 à 15 litres, dans lesquels le mélange de produits est porté à la fusion. Après usage, leurs parois se recouvrent d’une vitrification très claire couleur de miel. Leur manipulation exige la présence de plusieurs hommes formés à ce travail. Fragiles, ils se cassent facilement et leur fabrication suppose une compétence et un équipement de potier. Il faut en outre que l’argile soit très pure et d’excellente qualité pour résister à de très hautes températures.
(14) Siège : dans les vitreries, banquette en terre réfractaire aménagée dans le four pour poser le pot qui est particulièrement lourd et volumineux.
(15) Le syndic met à disposition et du salicor et des cendres pilées qu’il faudra tamiser ; il s’agit a priori de cendres obtenues par calcination de végétaux forestiers : fougères, bois de hêtre, genêts, broussailles. Les cendres du four de fusion peuvent également être récupérées.
(16)Balques : de l’occitan, « Balcos », piles de fagots à brûler qui peuvent être de 25, 50, ou 100 fagots
(17) Ce point corrobore l’hypothèse du lien à six feuilles de verre car la restriction énoncée correspond à 30 pour cent de produit déclassé toléré ; elle serait excessive pour un lien à trois feuilles (le Syndic accepterait alors 60 pour cent de déclassé…)
(18) On est en droit de penser que l’argile arrive prête à être utilisée, après avoir subi toutes les étapes de préparation.
(19) Germaine ROSE-VILLEQUEY, ouv. cité, p. 79. 20 ADT – 6 E 1 329
(20) ADT – 6 E 1 329
(21) ADT – 6 E 1 329
(22) ADT – 6 E 1 329
(23) ADT – 6 E 1 3297
(24) ADT – 6 E 1 332
(25) Pan : mesure de longueur utilisée surtout dans le Sud-Ouest et qu’ailleurs on nomme «empan», «palme».
Dans le Gers, il existait 3 pans différents de 22,36 à 23,31cm.
(26) Archives départementales de la Haute-Garonne (ci-après ADHG) – 8 B 060, Castelnaudary,H3, 1669
(27) Yves BLAQUIERE, Les Lorrains en Montagne Noire, Colloque de Sorèze, tome II, pp50 et 51, Imprimerie Messages, Toulouse, 2004.
(28) ADT – 6 E 1 329 29 ADHG – 114 H 184 30 Germaine ROSE-VILLEQUEY ouv. cité, p 177 31 F. RIOLS de FONCLARE, Les Verreries Forestières de Moussans, p. 196. 
(29) ADHG – 114 H 184
(30) Germaine ROSE-VILLEQUEY ouv. cité, p 177
(31) F. RIOLS de FONCLARE, Les Verreries Forestières de Moussans, p. 196.


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Madeleine BERTRAND
(Texte publié dans le bulletin 2010 de la Société des Arts, Sciences et Belles Lettres du Tarn et remanié en 2013)